Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
Politique

Berthine Razafiarivony : Figure centrale d’un système judiciaire gangrené

La gazette de la grande île
30/04/20253 minute read
Pendant son mandat, Berthine Razafiarivony a facilité la fuite, l’allègement de pêine ou l’abandon de poursuites contre de nombreux hommes d’affaires impliqués dans l’exportation illégale de ressources naturelles.

Berthine Razafiarivony, ancienne Procureure Générale près la Cour d’Appel de Madagascar et ex-procureure du Tribunal d’Anosy, incarne l’impunité et la corruption enracinée dans les hautes sphères du système judiciaire malgache. Son nom figure dans plusieurs dossiers liés à des trafics d’or, de pierres précieuses et à des protections accordées à des criminels de haut niveau.

Le bras judiciaire des réseaux mafieux

Pendant son mandat, Berthine Razafiarivony a facilité la fuite, l’allègement de pêine ou l’abandon de poursuites contre de nombreux hommes d’affaires impliqués dans l’exportation illégale de ressources naturelles. Elle a utilisé sa position pour bloquer des procédures judiciaires et garantir la protection de figures puissantes du monde économique. Elle a agi en tant que relais opérationnel des intérêts mafieux au sein de la Justice, rendant inopérante toute tentative de lutte contre la corruption à son niveau.

L’affaire Raissa : le nœud du scandale

Raissa Razaivola, femme d’affaires au cœur d’un vaste scandale judiciaire, a été condamnée en mai 2023 à sept ans de travaux forcés pour tentative de meurtre. Elle a profité pendant des années de complicités au sein du système judiciaire pour échapper aux poursuites. Berthine Razafiarivony faisait partie de son cercle de protection. Ensemble, elles ont fait pression sur des magistrats, manipulé des dossiers et neutralisé des procédures visant à faire tomber des réseaux criminels.

Les enregistrements audio et les révélations de Raissa en plein procès ont provoqué un séisme politique. Elle a déclaré avoir reçu l’ordre d’impliquer l’opposante Fanirisoa Ernaivo, sous peine de subir de lourdes sanctions judiciaires. Elle a refusé, et la condamnation est tombée. Ces révélations ont conduit à la démission du ministre de la Justice, Herilaza Imbiki, en février 2022, emporté à son tour par l’ampleur du scandale.

Réseau de corruption structuré

Berthine Razafiarivony n’a pas agi seule. Elle s’est entourée d’un réseau d’acteurs au sein du parquet, des greffes et des pôles anti-corruption. Des sommes importantes ont circulé pour effacer des preuves, orienter des jugements, et faire libérer des criminels notoires. Le greffier en chef du TPI d’Antananarivo et un magistrat du PAC ont été nommément cités par Raissa comme ayant touché des pots-de-vin. En réponse, ils ont porté plainte pour diffamation tout en tentant d’effacer leur trace auprès du BIANCO.

Un système à reconstruire

Berthine Razafiarivony est l’un des symboles les plus frappants de la corruption judiciaire à Madagascar. Sa carrière n’a pas été marquée par la justice, mais par l’obstruction, la manipulation et la collusion avec les intérêts mafieux. Le démantèlement de son réseau et l’audit des dossiers qu’elle a traités sont indispensables pour restaurer un minimum de confiance dans les institutions. La Justice malgache est en ruine, et la purge doit commencer par ses têtes les plus visibles.

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top