La vieille rengaine de l’amulette supraconductrice et du gri-gri quantique ! Voilà qu’à l’heure où la planète imprime des organes en 3D et colonise Mars par Zoom, certains prophètes du néant veulent nous ramener sous le baobab pour invoquer la pluie sur des processeurs.
On nous dit que notre salut viendra de “la spiritualité de nos ancêtres”. Fort bien. Mais alors, pourquoi nos ancêtres n’ont-ils pas vaincu les colonisateurs à coups de mantras ? Pourquoi leurs incantations n’ont-elles pas arrêté les canons, ni désactivé les traités inégaux ? Soyons sérieux : les fétiches ne font pas le poids face aux fusées.
Regardez autour de vous. La Corée du Sud ? Ruines fumantes dans les années 1950. Aujourd’hui, elle fabrique les puces électroniques qui font tourner votre téléphone. Singapour ? Marécage colonial hier, Silicon Valley asiatique aujourd’hui. La Chine ? Elle n’a pas invoqué Confucius pour bâtir ses gratte-ciels, elle a mis ses enfants à l’école — de mathématiques, pas de poésie.
Et pendant ce temps, en Afrique, que fait-on ? On fabrique des doctorats en littérature postcoloniale comme on cultive du manioc — à la tonne, sans débouché. On imprime des thèses sur Aimé Césaire par palettes, pendant qu’on importe des microscopes du Pakistan. Chaque année, nos facultés expulsent des essaims de “penseurs” qui pensent beaucoup mais ne produisent rien — sinon des livres que personne ne lit.
Le problème est là : nos écoles glorifient les mots, mais méprisent les nombres. On enseigne à nos enfants à disserter, pas à coder. À commenter, pas à construire. Résultat : l’Afrique analyse le monde pendant que le monde l’invente.
Alors, assez d’incantations.
Voici la vraie guerre à mener :
- Ouvrez des laboratoires, pas des églises.
- Financer la recherche, pas les conférences inutiles.
- Valoriser les ingénieurs, pas seulement les romanciers.
- Mettre un télescope dans chaque école, pas un manuel de catéchisme.
Car le monde n’écoute pas les prières. Il écoute les brevets.
Nous avons échoué, soit. Mais que nos enfants, eux, rêvent de satellites, pas de sorcellerie. Qu’ils programment des robots, pas des rituels.
La libération ne se trouve ni dans l’encens, ni dans les incantations. Elle est dans les circuits imprimés, les équations, et les données.
Le futur appartient aux calculateurs, pas aux calebasses.
Afrique indépendante 2.0
