De retour de Kigali, Rajoelina Vazaha avait dit avoir trouvé l’oiseau rare qui va redresser la Jirama, en la personne de l’ancien PDG de Rwanda Energy Group Ron Weiss.
Rajoelina Vazaha l’a débauché et va le rémunérer 15 000 dollars mensuellement, pour un contrat de 4 ans, soit au total 710 000 dollars . Même s’il a dit que c’est la Banque Mondiale qui va payer, il faut préciser que c’est à travers le projet DECIM qui est un prêt à rembourser par nous Malagasy.
Il y a une semaine, une quarantaine de cadres de la Jirama avaient été condamnés par le PAC pour bien moins que çà, pour abus de fonction, détournement de deniers publics et de blanchiment d’argent. Vonjy Andriamanga ex-ministre de l’énergie et ex-Dg de la Jirama et Rivo Radanielina ex-DG par intérim avaient été condamnés à 10 ans de travaux forcés, même s’ils étaient absents lors de leur procès.
Cette affaire remontait à 2021 et concernait des primes exceptionnelles attribuées à des responsables de la Jirama, jugées exorbitantes et inappropriées , dans le contexte d’une JIRAMA en très grandes difficultés financières.
L’ex-DG Vonjy Andriamanga avait alors touché le plus gros montant, soit une prime exceptionnelle brute de 180 millions ariary, soit environ 40 700 dollars. Ce qui ne représente qu’environ 17% de ce que Ron Weiss va toucher! Dans le même contexte d’un Jirama toujours en très grande difficultés financières ?
Rajoelina Vazaha ne devrait-il pas être traduit devant le PAC pour les mêmes accusations ? Heureusement pour lui, et malheureusement pour la Justice, il est actuellement protégé par l’article 131 de la Constitution. « Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis liés à l’exercice de ses fonctions, qu’en cas de haute trahison, de violation grave, ou de violations répétées de la Constitution, de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat…Il est justiciable devant la Haute Cour de Justice ».
Primes exceptionnelles cadres JIRAMA
Le DG pi Rivo Radanielina n’avait pas nié l’existence des primes révelée par les réseaux sociaux, et il avait pris soin de préciser que cela respectait les statuts et normes en vigueur à la Jirama.
Quant à ce crime de Rajoelina Vazaha, il s’agit d’un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », compte tenu des impacts très graves sur l’économie et la vie quotidienne des Malagasy. S’il arrive à aller au bout de son mandat d’ici 5 ans, il n’y aura pas prescription et il doit se préparer à être traduit devant la JUSTICE de son pays. Et ce ne sera que Justice !
La dernière décision du PAC fera alors figure de jurisprudence.
Origines des problèmes de la Jirama
Notre journal titrait le 25 avril 2024 « JIRAMA, le plus grand des crimes socio-économiques de Rajoelina« .
https://lgdi-madagascar.com/2024/04/25/la-une/jirama-le-plus-grand-des-crimes-socio-economiques-de-rajoelina/ et pour ceux qui sont bloqués par Telma https://www.facebook.com/profile/100091142484157/search/?q=JIRAMA%2C%20le%20plus%20grand%20des%20crimes%20socio-%C3%A9conomiques%20de%20Rajoelina .
En résumé, les comptes de la Jirama montrent que sa situation financière n’a cessé de se détériorer depuis 2010, parce que Rajoelina avait pris en juin 2019 la décision de baisser les tarifs de la Jirama et de les bloquer à ce niveau, malgré la hausse du prix du baril de pétrole.
Pour l’exercice 2022, le résultat avant impôt était négatif de 666 milliards ariary, tel qu’affiché sur le site du ministère des finances https://meh.mg/wp-content/uploads/2023/06/Etats-Financiers-AVANT-AUDIT-2020-2021-et-2022.pdf .
Dans ces comptes de 2022, le chiffre d’affaires de la Jirama était de 852 milliards ariary, les « frais » de 1 812 milliards ariary, soit des pertes d’exploitation de 960 milliards ariary.
Autrement dit, Rajoelina Vazaha oblige la JIRAMA à vendre à perte, à vendre à moins de la moitié de son prix de revient. Quel que soit le DG, tout ce qu’il pourra faire c’est d’essayer de limiter les pertes. Plus la Jirama vend, plus elle perd ! Et à la limite, on pourrait même dire que le meilleur DG ce sera celui qui fera le maximum de délestages, afin de limiter les pertes.
Rajoelina Vazaha est LE SEUL RESPONSABLE de la situation actuelle de la Jirama, et ce n’est pas l’embauche d’un Vazaha qui y changera grand-chose.
Quelles solutions ?
N’importe quel épicier sensé vous dira : « Soit augmenter les tarifs de la Jirama, soit diminuer son prix de revient, soit faire les deux« .
Vonjy Andriamanga avait bien essayé de mettre en place un nouveau système de tarification, le fameux tarif OPTIMA, en accord avec la Banque Mondiale et les ministères de tutelle (puisque leurs représentants sont au conseil d’administration) le fameux tarif OPTIMA. Rajoelina a dénoncé cette décision et demandé publiquement son annulation immédiate (populisme oblige !).
Dans la foulée, Vonjy Andriamanga fut limogé, mais il a été tout de suite « récupéré » par la société française GRDF (Gaz Réseau Distribution France) en tant que Responsable National Clients Grands Comptes. Ce centralien ne doit pas être si nul que ça ! Et il doit bien gagner sa vie, bien mieux qu’à la Jirama, et en devises ! Sans les »emm…. » !
Finalement malgré Rajoelina Vazaha, ce tarif OPTIMA fut appliqué après une lettre incendiaire datée du 16 février 2021 de la directrice des opérations de la Banque Mondiale qui expliqua les avantages de cette nouvelle tarification :
-Une baisse tarifaire pour 77% des clients de la Jirama, représentant plus de 455 000 foyers, dont 100% des clients appartenant à la classe moyenne et population vulnérables ;
-Un tarif social à travers une baisse généralisée jusqu’à 15% du prix de l’électricité pour les classes les plus défavorisées sur tout le territoire ;
-Pour les régions, une péréquation pour garantir les mêmes tarifs sociaux et économiques partout, et une baisse allant jusqu’à 26% pour tous les foyers consommant moins de 130kWH/mois ;
-une réduction significative des subventions au profit des grands consommateurs les plus nantis de la Jirama. (C’est à se demander pour quelle frange de la population le Président roule).
« Vous convenez avec moi que le système de tarification actuel est inacceptable », avait conclu l’interpellation de la Banque Mondiale.
Cette directrice menaçait en même temps d’annuler le programme DECIM de 400 millions de dollars, au cas où Rajoelina Vazaha persistait dans sa décision de ne pas appliquer ce tarif OPTIMA. Ce chantage a eu finalement raison du werawera de Rajoelina Vazaha.
Baisser le prix de revient de production de la Jirama
Elémentaire, mon cher Watson, aurait dit Sherlock Holmes !
Le prix de revient moyen de production de la Jirama est d’environ 30 cents le KWH. Et comme le prouvent les comptes 2022 de la Jirama, le prix de vente est d’environ la moitié, soit 15 cents le KWH.
Baisser le prix de revient moyen de production de la Jirama en dessous de ces 15 cents/KWH, permettrait à la Jirama de ne plus perdre de l’argent et au Trésor de ne plus avoir à la subventionner. C’est ce qu’avait compris l’expert-comptable Rajaonarimampianina, et l’avait amené à boucler les projets Sahofika et Volobe, dont les prix de cession à la Jirama était de 7 cents/KWH.
Assurer également la connexion de Tamatave au RIA (Réseau Interconnecté d’Antananarivo) financée par PRIRTERM. Hélas, il y a expert-comptable et expert-comptable. Solo Andriamanampisoa, conseiller de Rajoelina Vazaha, ancien PCA de la Jirama et ex-ministre de l’énergie, est-il vraiment un expert-comptable ? Ou bien, est-ce également un faux diplôme comme celui de Tinoka Roberto, le ministre Cyclope à roulettes ?
ambassadeurs de l’Union Européenne, d’Allemagne et de la France, avaient alerté le gouvernement dès le 28 juin 2021. Ils s’inquiétaient du retard pris par la mise en œuvre de ces projets.
En tout cas, dès juin 2021, Rajoelina Vazaha avait été alerté par une lettre des ambassadeurs de l’Union Européenne, de l’Allemagne et de la France, sur les retards pris pour le début des travaux des projets Sahofika et Volobe.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre ou comme disent les Malagasy « Ecoute çà, les bois de mon dos« .
Gouvernance
Rajoelina Vazaha doit cesser de s’ingérer dans les affaires des sociétés comme la Jirama, et le seul avantage d’un DG vazaha, c’est qu’il n’acceptera probablement pas de telles ingérences.
Il avait dit à Vinaninkarena que la mauvaise situation de la Jirama résulte de la gestion antérieure : « Les Malagasy qui avaient été mis à la tête de la Jirama n’ont pas réussi à redresser la compagnie », feignant d’ignorer que c’est plutôt sa gouvernance qui est en cause. Puis, n’est-ce pas vraiment une insulte aux experts Malagasy (Et il y en a ! Beaucoup sont actuellement employés par les organisations internationales, et aimeraient bien apporter leur contribution, mais ne sont pas du tout motivés pour travailler avec Rajoelina Vazaha et sa clique).
5 années de sa gouvernance ont mis à genoux le pays dans tous les domaines.
Une vidéo postée par Siteny avait fait le buzz, il y a quelques semaines. Il avait posé la simple question suivante « S’il vous plaît, aidez-moi ! Citez une seule chose qui fonctionne et qui se soit améliorée, depuis que le président Rajoelina est aux manettes ». Les commentaires parlaient d’eux-mêmes, et aucun n’a pu en mentionner).
Beaucoup espéraient ardemment que Rajoelina Vazaha ne termine pas son mandat, au risque d’empirer encore plus la situation.
Rajoelina Vazaha avait fini par avouer que la demande adressée aux différents ministères de proposer des baisses de leur budget, en vue de la Loi des Finances Rectificatives, servira à verser 1 036 milliards ariary de subvention à la Jirama afin d’éponger une partie de ses dettes. Il avait aussi convenu que cette somme aurait pu servir à financer d’autres projets prioritaires, qui devront malheureusement attendre.
Yves Rakotomanga, directeur général de Sun Farming Madagascar, a confié au président : « Les centrales comme la nôtre ne peuvent pas se développer si la Jirama n’est pas solide. Si elle n’est pas forte, elle ne pourra pas acheter l’électricité que nous produisons. Et nous ne pourrons pas rentabiliser notre investissement ». Un avertissement en quelque sorte !
On se rappelle que Madagascar Oil avait refusé d’approvisionner la Jirama en fuel, faute de garantie de paiement, alors même que les prix proposés étaient nettement inférieurs au prix du fuel fourni par les pétroliers. Au grand bénéfice de qui ?
Ainsi va la gouvernance Rajoelina !
Heureusement que des privés se sont lancés dans les énergies renouvelables, comme le barrage de Farahantsana, ou Hydromado de Behenjy, ou encore cette centrale photovoltaïque de Vinaninkarena !
On aurait aimé d’ailleurs que le régime Rajoelina Vazaha soit plus transparent et communique sur le prix de cession de cette énergie solaire à la Jirama. Cela permettra peut-être à d’autres privés de se lancer dans cette nouvelle activité.
Centrale photovoltaïque de Vinaninkarena
On critique le gros salaire du nouveau patron de la Jirama, mais on oublie que le DG de Madagascar Airlines, qui touche le double hors avantages pour gérer un seul ATR 72, selon les confidences des employés de Madagascar Airlines. On est la risée des autres compagnies de la région ! Ce comte (oui, il tient à ce titre) Thierry de Bailleul avait avoué lors d’un interview qu’il avait été directement recruté par Rajoelina Vazaha lui-même (recrutement soufflé par le fameux Gérard Perceau, dont on aimerait bien savoir combien il est payé et sur quel budget. Car il ne doit certainement travailler gratuitement pour les beaux yeux des Malagasys.
Pour rappel, ce super conseiller français Gérard Perceau a réussi la performance d’avoir fait perdre des milliards de dollars à Madagascar, simplement en bloquant pendant plus de 4 ans les projets Eiffage et Volobe. Pire, il a réussi à dégouter Eiffage et Scatec qui ont fini par jeter l’éponge et ont quitté les projets Sahofika et Volobe.
Oui, Rajoelina mériterait d’être jugé par le PAC, au vu des conditions de toutes ces embauches et leurs conséquences.
